Une nuit à la pagode
A l'occasion de Pchum Ben (fête religieuse plus ou moins équivalente à la Toussaint), l'organisation France Volontaires nous a proposé vendredi dernier de passer une nuit dans une pagode et de prendre part à cette cérémonie religieuse.
Le rendez-vous était fixé à 19h et c'est à une trentaine de volontaires que nous sommes montés dans le bus en direction d'une des pagodes les plus connues de Phnom Penh.
1. Bonzour!
Nous sommes accueillis dans la pagode par une floppée de bonzes, drapés de leur toge orange, qui nous invitent à nous joindre à la prière commune pendant laquelle nous écoutons sagement leurs psaumes chantés en sanskrit. Les chants sont supportables mais la position assise avec les jambes repliées sur un côté (pour ne pas orienter nos pieds vers les moines, ce qui est très malpoli) l'est beaucoup moins elle! A force de nous voir nous tortiller dans tous les sens, le chef des bonzes nous autorise à prendre congé un peu plus tôt que les fidèles pour passer à l'étape suivante.
Nous nous mettons donc légèrement à l'écart pour pouvoir confectionner avec nos petites mains les boulettes de riz qui serviront d'offrandes pour les esprits de nos ancêtres qui errent en enfer et ont besoin d'énergie pour monter jusqu'au paradis (je vous simplifie un peu le truc mais en gros c'est ça!). Résultat: après 20 minutes de lutte acharnée contre du riz plus gluant que de la superglue, nous parvenons à avoir 15 boulettes de riz (nombre exact conformément au rituel...classe!) dans nos coupelles en polystyrène (moins classe...). A cela, nous rajoutons quelques longans, deux rondelles de bananes, trois bâtonnets d'encens, une bougie et une billet de 100 riels (somme modique, je vous rassure!).
Après une petite collation offerte par les membres de la communauté, une clochette nous signale gentiment mais fermement qu'il est l'heure de se coucher... Pour info, il est n'est que 10h! Deuxième surprise: les hommes et les femmes ont interdiction de dormir dans la même pièce. Sagement, chacun prend ses quartiers et c'est sur des nattes à même le sol que nous sombrons quelques heures...
4. Tonnerre de Zeus (ou de Bouddha en l'occurence!)
A 3h30 du matin, des déflagrations nous tirent de notre sommeil de plomb. Il nous faut quelques minutes pour comprendre qu'il s'agit du réveil version bonze (c'est-à-dire un énorme gong frappé énergiquement par un moins chargé de réveiller toute la pagode). Efficace mais un peu violent tout de même!
Les yeux encore tout pleins de sommeil, nous regagnons l'assemblée des fidèles, nos coupelles d'offrandes à la main. De nouvelles incantations dans le micro et c'est parti pour une déambulation nocturne, à la lumière de nos bougies maintenant allumées (pour guider les esprits jusqu'aux offrandes). La foule que nous sommes se rend alors à l'extérieur de l'enceinte de la pagode pour disposer le contenu de nos coupelles dans une enfilade d'urnes prévues à cet effet. Tout l'enjeu de ce défilé étant de ne pas se brûler avec les bâtonnets d'encens ou la bougie.... Ce qui relève presque de l'exploit à 4h du matin dans notre état de quasi somnanbulisme!
5. Et que la lumière fut
Retour à l'intérieur du temple où le chef des bonzes nous donne quelques explications supplémentaires et répond à nos questions. Puis le jour se lève et nous découvrons progressivement les bâtisses qui nous entourent à la lumière du jour.
Vers 6h, le bus nous ramène vers le centre de Phnom Penh, non mécontents de replonger dans les limbes du sommeil, ce dernier allégé par toutes ces prières destinées à guider nos aïeux vers le paradis. Notre paradis terrestre, à ce moment précis pour nous, c'est notre lit!
Bises pagodesques