[message écrit dans le bus sur le trajet du retour avec de violentes effluves de durian qui viennent m'agresser les narines et me donnent des haut-le-coeur... 100% couleur (ou plutôt odeur!) locale!]

Sua s'dey everyone!

Me voilà de retour après un nouveau week-end prolongé, de cinq jours celui-ci, et je ne sais pas si c'est très décent de tout vous raconter en détails tellement c'était bien... Allez, j'ose tout de même, quitte à faire des envieux!

A l'occasion de "Bon Om Tuk" (la Fête de l'eau), nous avions trois jours de congé en plus de notre week-end habituel. Ni une, ni deux, Gaëlle et moi décidons de prendre la direction du Sud pour se mettre au vert et découvrir la mer. Nous choissons donc de visiter Kep et Kampot, deux stations balnéaires à environ 150km au sud de PP.

Evidemment, nous ne sommes pas les seules à avoir des envies d'évasion pendant ce congé et la première mission est de trouver notre bus à la gare routière. On a l'impression que tout PP s'est donné rendez-vous au même endroit et à la même heure (pourtant matinale!). Résultat: un joyeux bordel mais au final, comme toujours ici, on finit par s'y retrouver par je ne sais quel miracle et à monter dans le bon bus qui part avec sa traditionnelle demi-heure de retard.

Joyeux bordel à la gare routière!

Après une heure de trajet pour sortir du chaos de la ville, nous voilà de retour dans la verdure de la campagne qui nous avait déjà tant séduite lors de notre précédente escapade hors de la capitale. L'idée de départ était de finir notre courte nuit dans le bus mais là, impossible de fermer les yeux devant la beauté du paysage... Tant pis, on rattrapera nos heures de sommeil sur la plage!

Après quatre heures de trajet au son de clips vidéos khmers cul-cul-la-praline (je pense qu'il faudra que je consacre un article entier sur les clips locaux, c'est toute une histoire qui ne fait pas l'objet de ce message!), le bus nous dépose sur le front de mer où nous déjeunons en attendant le petit bateau à moteur qui doit nous emmener sur l'île du Lapin, une île sauvage au large de Kep. Premier repas qui annonce cinq jours de régal des papilles: riz sauté aux fruits de mer (crevettes, calamars et, spécialité de Kep, crabe). Un vrai régal!

Une fois nos estomacs bien remplis, nous embarquons pour Koh Tonsay (l'île du Lapin) pour jouer les Robinsons Crusoës le temps de 24h. Après une demi-heure de traversée, nous accostons donc sur une plage bordée de quelques paillottes encerclées d'une forêt tropicale vierge de toute marque de l'homme. L'île est une destination classique des guides touristiques, donc l'effet "seules au monde" est quelque peu terni par les hordes de touristes qui sont déjà là. Néanmoins, lorsqu'on nous montre la cabane dans laquelle nous allons passer la nuit, la civilisation nous semble être à des années lumière! Après une brève visite des lieux (ben oui, on a vite fait le tour entre un lit rudimentaire recouvert d'une indispensable moustiquaire, un bassin d'eau pour une toilette sommaire et un trou en guise de WC!), nous prenons la direction de la plage où la pluie se joint à la partie. Qu'à cela ne tienne! Des lits à baldaquins qui bordent la plage nous invitent à l'abri pour un massage complet à l'huile au son des vagues... (je vous avais prévénu que le contenu de ce message était indécent!) Une fois nos corps complètement délassés et l'averse achevée, nous nous vautrons sur des transats, bouquin à la main, doigts de pied en éventail, pour contempler un magnifique coucher de soleil sur la mer. Le flot des touristes repart sur la terre ferme avec la tombée du jour et nous voilà esseulées sur notre île, obligées de se réconforter avec un nouveau repas de fruits de mer, avant de rejoindre la rusticité de notre hutte. Après une nuit agitée (la moustiquaire ne suffisant pas à me rassurer de tous ces bruits étranges émanant en pleine nuit de la jungle), nous nous levons aux aurores pour profiter d'une balade matinale sur la plage quasi déserte. Lumière magnifique, eau cristalline, on a qu'une envie: se jeter à l'eau! (N.B: chose pas très difficile car la température de l'eau doit avoisiner les 30°... no comment!). Après quelques brasses, nous décidons de prendre notre petit-déjeuner face à la mer: fruits frais, crêpes au miel (oui, je sais, mais non, vous avez bien lu!) et thé au lait concentré... Le paradis! Mais le farniente ne dure pas éternellement: le bateau qui nous ramène sur la terre ferme accoste et nous disons au-revoir à notre parenthèse archipèlesque (je ne sais pas si ce mot existe mais je décide de l'inventer!).

Retour sur Kep donc où nous posons nos sacs à dos dans une guest-house composée de petits bungalows individuels nichés au coeur d'une végétation luxuriante et avec tout le confort moderne pour le coup (quel bonheur de retouver de vrais WC et une douche!). De là, nous enfourchons des motos direction les plantations de poivre qui font la renommée de la région. Après les plaisirs de la détente, nous retrouvons les plaisirs de l'adrénaline à travers les pistes de terre ocre qui sillonnent la campagne. Brève pause déjeuner dans une magnifique guest-house perdue au milieu des poivriers (au passage, on se rempli bien la panse de nouveau, faut pas déconner!) et c'est reparti en direction du Vat Kiri Sela, un temple bouddhiste niché à l'intérieur d'une grotte creusée dans la montagne. Sur place, des gamins khmers nous alpaguent pour nous faire une visite guidée du site en échange de quelques riels... au diable l'avarice, faisons marcher le tourisme local! Sur le retour, la nuit tombe déjà et nous faisons un stop au Marché aux Crabes pour un dîner tout sauf frugal composé de crabe, de crabe et encore de crabe pour ensuite tomber comme des mouches sous nos moustiquaires une fois rentrées au bungalows.

Le lendemain, nous prenons un bus en direction de Kampot, ancienne ville coloniale qui garde une forte empreinte de la présence française. De là, nous partons en deux-roues pour Bokor, une montagne qui surplombe tout le littoral sud de la région. Et c'est parti pour 30 km de montée virolante, un vrai pied à moto si ce n'est la pluie qui nous rattrape juste avant le sommet et nous force à revêtir nos magnifiques capes de pluie! (ah oui, pluie + moto = beaucoup moins rigolo!). A l'arrivée, le soleil nous réchauffe et illumine un magnifique temple bouddhiste perché au bord de la falaise. Seul bémol à ce paysage: l'immonde bloc de béton que des chinois sont en train de construire pour créer un complexe hôtellier et les monticules de déchets jetés par les khmers où bon leur semble au milieu de la nature... Mais sinon, très beau panorama! En redescendant de Bokor, nous nous arrêtons en ville pour nous réchauffer avec un bon thé et ensuite flâner dans les rues aux façades décrépites qui donnent à Kampot des allures de villes abandonnés du Far West... On s'attend presque à croiser un fantôme de colon au coin d'une rue! De retour à la guest, c'est soirée live music! Nous prenons donc place sur le ponton au clair de lune, les pieds dans l'eau et les oreilles bercées par des accords de guitare... Encore une belle journée qui se termine!

Le jour suivant, nous roulons jusqu'à Phnom Chnnork, un autre temple troglodytique. Ici, même scénario qu'au Vat Kiri Sela: nous sommes kidnappées par une floppée de gamins qui tiennent absolument à nous emmener dans les entrailles du site. Nous acceptons donc volontiers pour vite nous rendre compte que la balade se transforme rapidement en expé de spéléo! Les enfants nous font passer dans des vraies trous de souris, où nous sommes obligées de ramper sur le ventre et d'ôter les sacs à dos pour pouvoir passer, tout ça bien évidemment à la seule lueur de lampes de poche! Un grand bravo à Gaëlle qui m'avoue au milieu du chemin ses tendances claustrophobiques... Mais impossible de rebrousser chemin donc ma chère coloc est obligée de surpasser ses angoisses pour continuer à s'enfoncer dans ces tunnels remplis de chauve-souris! Cependant, le jeu en vaut vraiment la chandelle: nous passons successivement de grottes en grottes, remplies de stalagmites et stalagtites, éclairées par de minces filets de lumière qui parviennent à traverser les fissures de la roche. Les gamins khmers eux sont dans leur élément: ils grimpent aux lianes, se faufilent dans les failles à la vitesse de l'éclair... de vrais petits singes! Finalement, c'est non sans un certain soulagement que nous regagnons la lumière extérieure et nous partons en quête d'un lac secret pour nous remettre de toutes ces émotions! Ce lac doit son nom au fait qu'il n'est vraiment pas évident à trouver parmi le dédales de pistes ne portant bien-sûr aucune indication de direction (quand même, un petit panneau avec "Secret Lake" "Over there!" ça mange pas de pain, non?). Le fait que personne ne parle anglais, ni ne sache lire une carte d'ailleurs, ne facilite pas la tâche non plus, mais après quelques tâtonnements à l'instinct nous atteignons notre but et sommes récompensées par une petite collation et sieste à l'ombre d'une paillotte. La pluie écourte quelque peu notre après-midi et nous rentrons nous essorer à la guest pour passer le reste de la soirée tranquillement à bouquiner. Quel bonheur d'ailleurs de prendre le temps de se poser un peu pour lire! Je me suis rendue compte que ça m'avait énormément manqué jusqu'à maintenant car à PP, il y a toujours des cours à préparer ou une sortie à ne pas rater.

Le dimanche midi est déjà là et il est l'heure de reprendre le bus en direction de la capitale. Sur le trajet du retour, nous essayons encore de nous imprégner un maximum du vert éclatant du paysage avant de retrouver la grisaille polluée de PP. Maintenant, il ne reste plus qu'à attendre les prochaines vacances pour poursuivre notre découverte de ce magnifique pays!

Paysage vu du bus

Plein de bisous salés et poivrés.

Natacha

p.s: n'oubliez pas d'aller visionner l'album photo correspondant intitulé Kep & Kampot!

Du vert, la mer et des rizières

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