La saison des mariages
Prélude
Peu avant Noël, un de mes collègues khmers me remet ce faire-part*
Enveloppe et papier parfumés version désodorisant pour voiture, arabesques dorées et floppées de coeurs: pas de doute, il s'agit bien d'une invitation dans l'univers guimauvé des mariages cambodgiens!
En cette saison sèche, les mariages fleurissent à tous les coins de rue. Résultat: un jour sur deux, voire quotidiennement, on assiste à des unions arrangées (et oui, c'est encore old school ici et les unions "d'amour" sont très rares...) dans les rues de PP qui sont impossibles à louper!
Premier indice qu'un mariage khmer se prépare: les chapiteaux rose-bonbon dressés au beau milieu des rues, quitte à en boucher les plus petites artères, transformant les rues en cul-de-sac! Déjà qu'en temps normal la circulation phnom-phenoise est quelque peu dense, là ça devient carrément infernal!
Second indice: les processions d'invités qui se déploient sur des centaines de mètres pour se rendrent à ces réceptions. Vêtus d'habits traditionnels hauts en couleurs, les bras chargés d'offrandes pour les mariés, ils attendent sagement en file indienne que le photographe ou le caméraman fige pour l'éternité leur sourire apprêté.
Troisième indice (pour les myopes ou les aveugles qui n'auraient pas remarqué toute cette agitation visuelle): la musique traditionnelle hurlée par des haut-parleurs qui en font profiter tout le quartier. Très amusant quand on ne fait que passer devant, beaucoup moins quand le mariage a lieu dans votre rue! Inutile de préciser que ces festivités débutent aux aurores et durent en moyenne deux à trois jours... donc parfois l'exil est à envisager! Dernièrement, nous avons eu un mariage juste à côté de l'école et là, ça a été très compliqué d'enseigner pendant deux jours tellement le niveau sonore était élevé. Voici une petite vidéo à l'appui!
Trève de plaisanterie: il est super intéressant d'un point de vue culturel de se pencher d'un peu plus près sur les us et coutumes khmers concernant le mariage. D'un point de vue occidental, on a l'impression d'être au Moyen-Age de la vie maritale: le mari "achète" sa femme en payant une dot assez élevé pour le cambodgien moyen (entre 4000 et 5000 $ en moyenne), d'où le célèbre dicton local: "No money, no honey!" (traduisez: pas de tune, pas de lune [de miel]). Il coule de source que si le mari dépense une telle somme astronomique, c'est parce qu'il s'attend à convoler avec une jeune femme vierge (aux dires des ancêtres, coucher avec une vierge rallongerait l'espérance de vie... no comment!). Enfin, si une femme n'est pas mariée à l'âge de 30 ans, elle est considérée comme "périmée" et amène la honte sur sa famille de part son absence de statut social.
Au fait, j'ai quel âge moi déjà??? Bon, bah je crois que je suis mal barrée si je veux me trouver un mari cambodgien!
FIN
*Le mariage avait lieu le 31 décembre, pile au moment où j'étais en pleine mer, donc je n'ai malheureusement pas pu y assister. Ma coloc Gaëlle quant à elle s'y est rendue et a vécu une expérience culturelle ahurissante! J'espère que l'occasion se représentera pour moi...